lundi 29 septembre 2014

Rayon de soleil



Rien de marquant à signaler en cette matinée d'hiver.  A part l’épisode du jeune Benoit (qui est en 6e) que j’ai surpris avec son livre grand ouvert sur son sac, lors d’un contrôle de lecture ! Selon lui, le livre s’est ouvert tout seul et il n’a pas fait gaffe ! Je lui donne donc une punition à faire signer par ses parents et pour qu’il comprenne bien la leçon, le gratifie d’un zéro pointé. En espérant qu’à l’avenir, cela lui ôte l’envie de tricher.
Bien entendu, il inonde sa feuille de larmes et me regarde avec un air tellement misérable que je suis tentée d’alléger la sanction. Je me dis que s’il fait la punition, je reviendrai sur le zéro et le noterai en fonction du travail effectué. Mais le lendemain, lorsqu’il me présente la punition, je remarque tout de suite que la signature n’est pas authentique. Au bout de celle-ci, un petit cœur est tracé joliment ! Je demande à Benoit si ce sont ses parents qui ont signé et il me répond que oui.
    Benoit, donne-moi s’il te plait, le numéro de téléphone de tes parents et je les appellerai tout à l’heure, car j’ai comme un petit doute…
    Ben, je peux pas, ils ont changé de numéro et je le connais pas par cœur !
    Ce n’est pas grave, je vais donc les convoquer par courrier
Et je vois le gamin fondre en larmes et avouer que c’est lui qui a signé sa feuille ! Bon, je m’en doutais, mais il n’y a pas mort d’homme.  Avec le recul, je me souviens avoir moi aussi imité la signature de mes parents quand les notes étaient mauvaises et je n’ai pas fini délinquante !
Afin de couper court aux commentaires des autres  élèves, j’enchaine avec une petite dictée pas trop difficile. Et tandis que je passe entre les tables, Cédric, le plus petit élève de la classe, minuscule crête sur la tête et toujours souriant, lève la tête et me demande avec un grand sourire : « Vous avez un p’tit copain Madame ? ».
Je me retiens de rire et lui rétorque : « Parce que tu as l’intention de te mettre sur les rangs ? ».
La classe entière se marre, tandis que Cédric plonge le nez dans sa feuille, cramoisi. Mon Dieu ! Que ces petites scènes font du bien, à côté du climat de violence et des insultes que nous subissons quotidiennement face aux collégiens! C'est, comment dire ? une sorte de baume au coeur qui me fait dire que oui, le métier de professeur a aussi ses bons côtés. Mais ils sont trop rares...

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