Ça y est, moi aussi, je suis atteinte de phobie scolaire, comme on appelle cette nouvelle maladie qui arrange bien du monde. Maintenant, quand un gamin n'a plus envie d'aller en classe, on se retranche derrière cette maladie providentielle. Attention, je ne nie pas qu'il y a de "vraies" phobies scolaires. Bref, malgré cette épidémie qui me gagne, j'y vais quand même, en trainant un peu des pieds. Ce jour-là, j’avais commencé par séparer quatre filles de 4e qui bavardaient
sans discontinuer, et qui gloussaient, pour attirer encore un peu plus l’attention
des garçons. Il faut dire que ces adolescentes venaient en classe maquillées
comme des camions volés, pomponnées et habillées à la dernière mode. Un petit
sac à main au creux du coude, je ne sais où elles faisaient tenir livres et
cahiers. Je leur ai précisé que leurs places étaient désormais celles-là et que
c’était définitif. Ce qui les a fait marmonner toute l’heure, chacune dans leur
coin. Mais au moins je pensais que je serais tranquille pour les cours
suivants.
Mais
c’était sans compter sur leur duplicité. Le jour suivant, ces demoiselles
avaient repris leurs places initiales, me surveillant du coin de l’œil pour
voir si j’avais remarqué le changement. Je n’ai rien dit, tant qu’elles n’ont
pas perturbé la classe. Jusqu’au jour où, en pleine explication grammaticale, elles
n’ont rien trouvé de mieux que de sortir leur trousse de maquillage, un miroir
et de se refaire une beauté ! Là, j’ai vu rouge et elles ont écopé d’une
rédaction à faire pour le lendemain. Avec bien sûr, contestation de la punition
car « elles n’avaient rien fait de mal ! ».
A
partir de là, j’ai commencé à réfléchir et à me demander si cela valait vraiment
la peine de continuer dans la voie de l’enseignement. Je voyais chaque jour des
collègues au bord de la dépression nerveuse, d’autres qui étaient en longue
maladie car ils ne supportaient plus ces élèves, qui n’en ont que le nom.
Je
m’ouvre de mes difficultés à un professeur aguerri qui me rétorque que je ne
dois pas m’acharner à faire mon cours, car il y a bien longtemps qu’on ne peut plus le faire
en toute quiétude.
" " Oublie l'idée qu'ils se taisent et te suivent, ça ne marchera pas.
Fais ton cours et tant pis pour ceux qui n'écoutent pas, on n’est pas payés
pour jouer aux flics" me dit-il, blasé. "Essaie seulement de maintenir un
minimum d’ordre et basta !" ajoute-t-il.
Si je comprends bien, j’assure la
garderie de ces gosses qui ne veulent rien faire et c’est tout ? C’est ça
l’enseignement aujourd’hui ? Je ne voyais pas cela du tout comme ça, mais
bon ! Ça valait bien la peine de reprendre des études !
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