Un froid matin de janvier, en entrant dans la classe, je trouve une des quatre filles de 4e qui n’en faisaient qu’à
leur tête, calée contre le radiateur, les pieds sur la table et mastiquant
énergiquement un chewing-gum. Ma venue ne l’ayant pas fait bouger, je lui
demande calmement si elle se croit au Club Med ! Ce à quoi elle répond
insolemment : c’est quoi le Club Med ? Bon, laisse tomber ! me dis-je. Je la prends toutefois par le
coude et l’engage à descendre ses pieds de sur la table et de se tenir
correctement. « Et tu iras jeter ton chewing-gum à la corbeille !
ajoutais-je.
- Quel
chewing-gum ? J’ai pas de chewing-gum !
A
mon regard, elle a dû voir qu’il ne fallait pas insister et s’est levée
nonchalamment, très nonchalamment, en direction de la corbeille. Bien ! Je
commence enfin mon cours, quand soudain, je la vois en train de mastiquer à
nouveau ! Sous les rires de ses camarades…
Je
sens qu’il faut que je me contienne car je suis à deux doigts de la
claquer ! Elle se dirige à nouveau vers la corbeille et retourne à sa
place, en mâchouillant ! Et ce, à deux autres reprises. Je l’ignore car je
sais que si je poursuis, cela va très mal se terminer. Je comprends maintenant les enseignants qui craquent et giflent un élève, car la pression est tellement forte, que cela devient insoutenable. Je note donc sur le carnet de la demoiselle que je souhaite rencontrer ses parents le plus rapidement possible. Et rendez-vous fut pris pour le vendredi suivant.Et à l’heure dite, à 17 heures, alors que j’aurai dû terminer ma journée (le temps passé avec les parents n’est pas comptabilisé), je reçois la mère de la gamine, en présence du principal-adjoint. Ce dernier me demande d’exposer le pourquoi de cette convocation. Ce que je fais, en expliquant l’histoire des pieds sur la table et du chewing-gum. Et encore une fois, j’ai failli tomber de ma chaise lorsque le principal adjoint me demande :
— Mais
le chewing-gum, c’était le même ou elle en reprenait un autre à chaque
fois ?
J’hallucine…
C’est vrai que cela faisait une sacrée différence ! Le même ? Pas le
même ? That is the question… Je crois rêver. Eh bien ! On va aller
loin avec ça. La mère finit par reconnaitre qu’elle ne sait plus quoi faire
avec cette gamine et qu’elle n’en voit pas le bout. Elle prétend que sa fille
se laisse entrainer par ses fameuses copines et demande au principal-adjoint
qu’il la change de classeRefus de l’homme qui lui répond que ce n’est pas possible. Résultat : la mère retire sa fille du collège et l’inscrit ailleurs ! Bien joué…Et tant pis pour les effectifs. En attendant, j’ai encore perdu une heure pour des prunes ! Une de plus…
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