A
huit heures pétantes, c’est avec un peu d’appréhension que je vais chercher ma première
classe de 4e dans la cour où tous les élèves doivent se rassembler, sur
l’emplacement qui leur est réservé. Je sens les regards curieux à mon approche,
mais reste stoïque. Les chuchotements sont à peine discrets. Je salue ces ados excités, sourire aux lèvres. « Elle
a l’air gentille » « Ça va être cool »…
Les
réflexions fusent et déjà deux adolescentes commencent à me questionner sur le
travail que je compte leur faire faire en cette première heure.
Dans
un vacarme insupportable, les trente-deux collégiens descendent leurs chaises qui
sont encore sur les tables en ce lundi matin et je me retiens de leur faire
remarquer que ce simple geste peut être fait en silence. « Plus
tard » me dis-je. Certains sont debout, d’autres sont déjà avachis sur
leurs chaises, tandis que plusieurs d’entre eux se servent de leurs cartables
comme d’un oreiller et finissent leur nuit !
J’essaie
de rester calme et attend le retour du silence, les bras croisés. Tout en leur
demandant de rester debout. J’obtiens enfin une accalmie toute relative et leur
donne l’autorisation de s’asseoir. Je me présente à eux le plus succinctement
possible et coupe court aux questions un peu trop personnelles qu’ils se
croient obligés de me poser.
Je
fais ensuite l’appel, ou du moins j’essaie. Cette formalité, qui devrait être
expédiée rapidement, se révèle fastidieuse. Comme je ne connais pas encore les
élèves, j’annonce leur nom et leur demande de lever la main en répondant
« présent ». Un petit futé répond à la place de ses camarades et m’induit
en erreur en disant qu’untel est absent.
Et
voilà comment j’ai mis un quart d’heure pour exécuter cette tâche pourtant des
plus élémentaires. Je commence à bouillonner, d’autant plus que quelques filles
et garçons tiennent vraiment à se faire remarquer et à faire les marioles
devant les copains.
Bon,
résumons : cinq minutes d’attente pour que le silence revienne, plus
quinze minutes d’appel, il ne reste plus qu’environ trente minutes pour le
cours. Bien ! Je ne vais même pas pouvoir faire ce que j’avais prévu. Ça
commence fort…
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