mercredi 24 septembre 2014

Les vacataires, ces nababs de l'Education Nationale

"Travailler plus pour gagner plus". Personnellement, cette petite phrase a le don de me hérisser le poil. En effet, tout au long de ma vie professionnelle, je me suis plus sûrement endettée à m'acharner à travailler en "bénéficiant" de contrats précaires qu'en restant à la maison à me prélasser ! Je m'explique :
Etant vacataire de l’Éducation Nationale, je peux effectuer 200 h de vacations, mais pas plus. Sinon, il faut que l'établissement vous propose un contrat de travail. Autant dire qu'ils n'y tiennent pas.

Je suis donc vacataire dans un collège où j'ai débuté fin octobre. Vers le 20 décembre, je me renseigne au secrétariat de la date à laquelle mes indemnités me seront versées et...je tombe à la renverse en entendant la réponse ! On me dit tranquillement, avec un petit sourire, que les vacataires sont payés à M+3. 

M+3 ? Quesako ? Ben tout simplement, on est en train de me dire que je n'aurai pas de salaire avant le mois de ... février ! Ah oui ? Et je dis à mon bailleur que je paierai le loyer à M+3 aussi ? A l'hypermarché aussi ? Ces bureaucrates croient-ils que les vacataires ont trois mois de trésorerie d'avance ? Oui, c'est bien connu, ces travailleurs précaires effectuent des remplacements juste pour s'occuper. Le salaire, on en a un peu rien à faire, n'est-ce-pas ?

Furieuse, je me rends d'un pas décidé dans le bureau du principal-adjoint et lui expose le problème. "Mais Mme Marin, vous ne le saviez-pas ? Mais tout le monde le sait que les vacataires ne sont payés que trois mois après le début du remplacement ! ". Non, je ne le savais pas et personne ne s'en est vanté quand j'ai signé ! Nous sommes à cinq jours de Noël, j'ai travaillé un mois et je n'aurai pas de salaire ! Je bouillonne, tandis que l'homme enfonce le clou : "Que voulez-vous, c'est la lenteur administrative!" me dit-il en riant. Il peut rire le monsieur. Lui, il aura son salaire en temps et en heure, alors que les autres n'en aient pas ne le perturbe pas plus que ça. 
Le soir même, je fais des recherches sur la toile pour vérifier cette information qui me reste en travers de la gorge. Et voici ce que je trouve :  
"Les vacataires sont payés à l’unité après service fait et doivent recevoir chaque mois « des indemnités » correspondant aux heures faites. C’est la trésorerie générale qui les paye mais c’est au chef d’établissement de déclarer les heures faites d’où le risque d’importants retards dans le paiement". Ah, ben c'est pas la même limonade, là !
Le lendemain, je retourne voir la secrétaire, bien décidée à solutionner le problème. Elle consent à me dire que je peux demander un acompte sur salaire mais...que c'est trop tard pour ce mois-ci ! Et je fais comment sans salaire ? Je précise que je n'ai pas de mari qui ramène un salaire à la maison (c'est certes un choix, mais cela est une autre histoire) que j'ai toujours eu des contrats précaires, que j'ai repris des études sur le (très) tard, obtenu trois diplômes en cinq ans sur les bancs d'une Fac' où j'étais la plus âgée de l'amphi. Trois ans de trajets Montceau-Dijon pour me rendre à mes cours, le travail à faire à la maison et à rendre pour le lendemain, les courses, le ménage et les problèmes inhérents et récurrents engendrés par ma situation ultra-précaire. Pfiouu !!! Tout ça pour ça...
Remontée comme un coucou, je fais le siège du bureau de la principale qui, ceci dit, comprend ma situation. Elle a alors une idée de génie en demandant au foyer socio-éducatif du collège de m'avancer une partie de mes indemnités. Ouf ! Je respire, mais suis tout de même en colère en signant la reconnaissance de "dette". J'ai travaillé, j'ai gagné cette somme et je suis obligée de l'emprunter. Je fais un crédit, en quelque sorte. J'ai la rage, mais je n'ai pas d'autre choix que d'accepter cet arrangement. Je rembourserai dès mon salaire empoché et voila ! 
Voila rien du tout, oui ! Car tout ne s'est pas passé comme prévu. Je reçois dans les jours qui suivent, comme tout le monde les factures habituelles. Mais celle-ci (GDF) me fait l'effet d'un coup de poing à l'estomac. Elle s'élève à 800 euros ! Pourtant, je n'ai pas abusé du chauffage...Arrive le loyer (400 euros), l'électricité, la mutuelle, l'assurance et tutti quanti...
Mince ! Comment vais-je faire pour rembourser ma dette ? Je commence quand même à rembourser 300 euros, puis 100 euros... Et puis, et puis... ma vieille bagnole me lâche, sournoisement. Impossible d'aller travailler à pieds, à moins de partir la veille, n'est-ce pas ? je suis donc dans l’obligation de la remplacer, la mort dans l'âme. Et me voici avec un crédit supplémentaire sur le dos. 
Je n'arrive plus à honorer le remboursement de mon "salaire". Et les rappels du foyer socio-éducatif (légitimes, j'en conviens) pleuvent. Appels téléphoniques, courriers etc. On m'envoie même à domicile un monsieur à chapeau, qui ne se présente pas et qui me parle de façon sibylline. "Je viens pour une affaire délicate, vous comprenez...". Je lui demande d'être clair et de me dire de quoi il retourne. 
Et j'apprends que ce monsieur vient de la part du collège pour récupérer les sous. Encore une fois, quelle galère ! Je lui explique que je suis en contrat CUI à 20h par semaine (j'avais terminé ma vacation dans ce collège) et que je ne peux vraiment pas régler cette somme dans l'immédiat. 
Quelques temps plus tard, je reçois un courrier de...l'huissier, me réclamant la somme due et les frais d'huissiers en sus . Le mois suivant, je bloque mon salaire en totalité (tant pis pour le loyer et le reste) et envoie la somme demandée au foyer, par mandat-cash. 
Trois mois plus tard, la Poste m'écrit pour me demander d'aller récupérer mon argent car le mandat est périmé, puisque pas encaissé par mon créancier !
Je ne suis pas assez naïve pour croire que le Foyer me fait cadeau de cette somme et sent immédiatement le coup fourré. En effet, l'huissier (une femme), je devrais même dire une hyène, leur a conseillé de refuser le mandat car je devais régler à l'huissier et non pas à eux. Bien évidemment, elle voulait récupérer ses frais d'huissier (166 euros pour un courrier déposé dans ma boite et un autre pour l'injonction de payer). Ça fait cher du timbre et du kilomètre !
Je renvoie donc un mandat au foyer et un mandat à l'huissier, soldant ainsi le litige. Je suis fatiguée, j'en ai assez de cette situation et crois le problème réglé. Mais un beau mardi, à 9h du matin, je reçois la visite de la hyène, flanquée de son associé et de quatre policiers, en faction devant la maison (et qui en profitent d'ailleurs pour faire des contrôles routiers pendant que les fonctionnaires sont chez moi ). Ils viennent, me disent-ils, pour vendre mes meubles ! Oups ! Je suis sidérée, car j'ai réglé mes dettes en intégralité. Et là, il aurait manqué une caméra : la hyène s'étouffe en aboyant que non, rien n'est payé car...je n'ai pas réglé la totalité à son nom! Certes, mais j'ai payé la somme au collège d'une part et la somme que je lui devais d'autre part. Non! non! non! Ça ne se passe pas comme cela, me dit-elle. En fait, elle m'explique que suite à son déplacement de ce jour, elle me facture encore 56 euros et que donc, je lui dois encore cette somme. 
Je la regarde perdre son sang-froid et la situation n'aurait pas été aussi dramatique, j'aurai ri  de voir sa tête. Voyant que je ne cède pas, elle sort et voyant mon véhicule dehors me dit : "On va vous vendre votre voiture et puis c'est tout !". Et là, je ris franchement. Elle va vendre ma voiture pour 56 euros!!!
Voilà ! J'attends donc la facture de la dame en question...
Tout cela pour dire que travailler comme vacataire à l’Éducation Nationale n'est pas le Graal ! Et finalement, pourquoi je m'acharne à retrouver un emploi ? Je me le demande...

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