Un lundi, j'étais en train de remettre ma salle en ordre (aucun élève ne range sa chaise en quittant les lieux) quand je me suis aperçue (au bruit) que ma classe de 4e (la plus terrible) était arrivée. Je m’approche, ouvre la porte en grand et me glisse devant
le rang en silence.
Les
élèves les plus proches m’avaient vue, mais pas les autres. Et soudain,
j’entends très distinctement le délégué de classe, le fameux Sébastien, qui dit
« Elle est pas là, la vieille ? ».
Je
m’approche et lui demande :
— C’est
de moi que tu parles ?
— Non,
je parlais de…ma grand-mère !
— Et
tu l’appelles « la vieille » ?
— Heu
non…En fait, je parlais de la femme de ménage là-bas, répond-il en
devenant cramoisi.
— Je
ne suis pas dupe ! Ne prends pas les gens pour des imbéciles ! En
attendant, donne-moi ton carnet de correspondance…
La
« tête d’ampoule » de la classe est vraiment mal à l’aise. Tout au
long du cours, je vois les larmes glisser sur ses joues mais je ne fais preuve
d’aucune empathie envers cet adolescent irrespectueux.
De
plus, j’en rajoute une couche en lui faisant remarquer qu’il a failli à son
devoir de délégué de classe, qu’il se devait de montrer l’exemple et que son
attitude n’était vraiment pas à son honneur.
Pour
une fois, l’heure s’est déroulée sans autres accrocs et c’est avec un soupir
d’aise que je termine le cours. Tous se précipitent vers la sortie, sauf
Sébastien qui, soutenu par les deux petits caïds de la classe, se dirige vers
mon bureau.
— Madame,
on peut vous parler ?
— Oui,
de quoi s’agit-il ?
— Y
faut pas punir Sébastien parce que ses parents vont le tuer s’ils
savent !
— Tout
d’abord, cela ne vous regarde pas, et puis il a été très impoli, il faut qu’il
assume, comme un grand !
— Allez,
Madame, y recommencera plus ! y s’excuse ! Et pis d’abord, c’était
pas à vous qu’il a dit ça…Je
fais remarquer que les excuses, si excuses il y a, doivent être formulées par
la personne concernée ! Message bien reçu, puisque Sébastien s’est immédiatement
platement excusé, tout en soutenant que c’était à la personne en charge du
nettoyage qu’il avait dit cela. Ce à quoi j’ai répondu que la cible n’avait
aucune importance et que c’était son irrespect pour autrui qui serait de toute
façon sanctionné.Très énervée de cette scène pathétique, je
congédie les trois larrons, en maintenant la punition de Sébastien. Et soudain,
j’entends hurler dans le couloir « Putain ! Salope !!!
Houuu !»Un professeur d’une classe proche sort
de celle-ci et me demande ce qui se passe. Je lui explique l’histoire et
lorsque je cite le nom des élèves en cause, il me répond que « cela ne
l’étonne pas et qu’il en a lui aussi très marre de ceux-là ». Il m’engage
à rédiger un rapport à la Direction. Ce que je fais dans la journée.
J’ai
donc expliqué « l’incident » en disant que j’avais été insultée par
ces élèves. Le Principal-adjoint me demande de « préciser » et de
dire exactement les mots proférés par les collégiens. Inutile de dire que
c’était moi la plus gênée d’écrire noir sur blanc « Putain » et
« Salope ». Mais bon ! Puisqu’il le fallait…
Résultat des courses : une petite punition que les trublions n'ont même pas faite et leurs sourires narquois au cours suivant ! Allez-y les gars, les insultes, c'est gratoche... Les profs sont des éponges qui absorbent insultes, chahut et menaces verbales sans plier. Enfin, jusqu'au jour où...
Et puis, entre nous, se faire traiter de "vieille" ça met un sacré coup au moral et me ramène des années en arrière. Au temps où quand on est gamin, on trouve les quarantenaires vieux !
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